Projet sur le Syndrome d’Insularité
De 2013 à 2016, nous avons étudié différentes populations de rongeurs vivant sur des îles ou des sites continentaux, le long de la rivière Winnipeg (Minaki, nord-ouest de l'Ontario). Notre objectif était de tester l’hypothèse du syndrome d’insularité qui stipule que les mammifères vivant dans des iles partagent un certain nombre de caractères qui les différentient de leurs conspécifiques continentaux. Notamment, on s’attend à ce qu’ils soient plus gros, plus dociles, moins actifs, et plus minutieux dans leur exploration. L’hypothèse du syndrome d’insularité a été construite avec en tête les iles océaniques, très isolées, mais nous voulions savoir si les effets de l’insularité pouvaient se faire sentir, y compris sur des iles de systèmes de rivières et de lacs, où les déplacements des individus sont encore possibles même si difficiles. L’autre objectif était de voir comment les comportements affectaient la structure des métapopulations de ces rongeurs en jouant sur les probabilités de dispersion. Nous voulions enfin savoir si la variation spatiale dans le microbiote intestinal des rongeurs reflétait la structure génétique de la métapopulation de rongeurs.
Si nous avons montré l’existence de différences entre populations insulaires et continentales allant dans le sens de l’hypothèse du syndrome d’insularité chez ces animaux, nos résultats ne la valident pas complètement. Les souris des iles sont bien moins agressives et plus minutieuses et les mâles plus gros que celles vivants le long de berges de la rivière, les campagnols montraient très peu de différences. A partir d’outils génomiques, nous avons une structure génétique dans la métapopulation de souris sylvestres qui dépendait de la connectivité entre les populations. Certains groupes étaient bien différentiés génétiquement, malgré les mouvements possibles d’individus entre les populations. La masse, la longueur de la queue, l’exploration, et la docilité montraient des héritabilités modérées à fortes. Grace à ces outils, nous avons pu aussi identifié des immigrants ou leur proches descentants et lié leur statut à certains de leurs phénotypes pour les traits étudiés.
Enfin, nos travaux montrent également une structure de la méta-métacommunauté bactérienne instestinal qui dépend de la connectivité entre les populations hôtes, des effets du microbiote sur les comportements et les traits d’histoire de vie des animaux.
Collaborateurs : Dany Garant, Louis Bernatchez, Steven Kembel
Étudiants : Joël Jameson (PhD), Tristan Juette (PhD), Josh Miller (PDF)
Metapopulations
Avec ses nombreux lacs et îles, le système de la rivière Winnipeg offre un emplacement idéal pour répondre aux questions sur la différenciation des populations dans un habitat naturellement fragmenté.
Syndrome d'insularité
Nos résultats indiquent que les souris insulaires sont moins agressives et plus minutieuses dans leur exploration, et les mâles sont plus gros, que celles des populations continentales. Ces résultats ne supportent que partiellement les prédictions associées à l’hypothèse du syndrome d’insularité. Nous proposons un modèle plus adapté aux populations insulaires ou les îles sont peu isolées du continent
Génomique
Nous avons également montré que ces différences phénotypiques sont associées à une différenciation génomique marquée entre les deux types de populations. Nous montrons aussi des particularités de microbiote associées aux conditions écologiques différentes.