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Projet sure les tamias rayés

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Depuis plus de quinze ans, les tamias rayés (Tamia striatus) du sud du Québec nous révèlent leurs secrets. Nous étudions l’écologie d’une population soumise à des changements de son environnement. Malgré un régime alimentaire diversifié, les tamias dépendent beaucoup des graines de hêtres à grandes feuilles (Fagus grandifolia) et d’érables rouges (Acer rubrum) pour leur survie hivernale et leur reproduction. Cependant, ces arbres produisent des graines à foison une année sur deux seulement. Cette fluctuation les défendrait contre les multiples consommateurs qui peuplent ce milieu. Une année, ils envahissent la forêt de leurs graines et permettent ainsi à quelques-unes d’échapper à la prédation. L’autre, ils n’en produisent pas et posent des défis aux prédateurs — comme les tamias — qui manquent de ressources.

Dans le sud du Québec, ils se reproduisent une fois par an, mais pas à la même saison. Les années de fortes productions de faines de hêtres, les tamias s’accouplent au mois de juin et leurs jeunes sortent des terriers maternels pour s’établir dans un nouveau terrier en septembre, exactement durant la période où les graines de hêtres sont disponibles. Ça leur permet de trouver assez de nourriture pour passer leur premier hiver. Puisqu’ils ont accumulé beaucoup de graines dans leur terrier, les tamias se s’accouplent en mars, au printemps suivant, lors des années de disette. Ils ne se reproduisent plus jusqu’au mois de juin de l’année suivante.

Les érables rouges produisent leurs graines de façon synchronisée avec les hêtres, mais au printemps et leur cycle est moins marqué que celui des hêtres. Or les tamias mangent des samares d’érables surtout les années de forte production de graines de hêtre à l’automne. Les samares d’érables rouges sont excessivement riches en vitamine B3, ou encore niacine, et on suppose que les tamias les utilisent pour stimuler leur reproduction estivale, car elle activerait la fécondité des mâles comme des femelles. Nous poursuivons nos recherches avec une expérience pour tester les effets directs de la B3 sur l’ovulation des tamias. 

Ce cycle de production de graines entraîne beaucoup de conséquences sur leur biodémographie (densité de population et structure d’âge, âge à la première reproduction, sénescence et longévité), leurs comportements, leurs spécialisations individuelles de niches écologiques, leurs rythmes d’activité, et le parasitisme. Depuis quelques années, causée par les effets combinés d’une cochenille et d’un champignon, la maladie corticale du hêtre cause la mort très rapide des hêtres matures. Ces changements bouleverseront probablement les tamias et de nombreuses autres espèces qui peuplent ces forêts. Le tamia qui pour l’instant est une espèce commune pourrait très bien changer de statut de conservation dans les prochaines décennies. 

 

Collaborateurs: Dany Garant, Patrick Bergeron, Mathilde Tissier, Albrecht Schulte-Hostedde

Étudiantes et étudiants : Laurie Auclair (MSc), Dominic Bourret (MSc), Megan Brownlee (MSc), Catherine ÄŒapkun-Huot (MSc), Elene Haave-Audet (PhD), Marianne Roxbough-Lepage (MSc).

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Hêtres d'Amerique

D’ordinaire, les hêtres à grandes feuilles ont une écorce lisse. Mais depuis quelque temps, ils sont atteints de la maladie corticale de hêtre qui rend leur écorce boursouflée puis finit par les tuer après quelques années. Cette maladie est causée par l’attaque combinée d’une cochenille (le kermès du hêtre) et d’un champignon Nectria coccinea. Les conséquences de la disparition des hêtres seront importantes pour les tamias, mais également pour toutes les espèces qui se nourrissent de leurs graines.

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Histoire de vie

La dépendance des tamias pour les hêtres contraint leur âge à la première reproduction. Ainsi dans la population, ils se reproduisent pour la première fois à 7, 15 ou 24 mois. Cette « décision » de reproduction a des conséquences importantes lorsqu’on sait que les tamias vivent en moyenne deux ans ! Notamment, elle est associée à leur longévité.

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Test d'exploration

Le test de nouvel environnement nous permet de mesurer la réaction des individus face à une situation nouvelle. Le tamia est placé dans un tunnel qui donne sur une boîte blanche sans issues qu’il explore. Les différences dans les comportements d’exploration sont associées à de nombreuses caractéristiques biologiques et écologiques individuelles, notamment leur âge à la première reproduction et leur longévité.

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